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Cours du 7 novembre 2022

J’arrive à 8h mais l’accueil ouvre à 9h. Je n’ai pas le numéro de la salle. Finalement, à 8h45, une bonne âme trouve l’information et me conduit dans une salle gelée – les fenêtres étaient ouvertes tout le week-end et la température avait chuté – et dégueulasse. De la terre partout, un trognon de pomme que je jête à la poubelle. Je demande un balai. Finalement, c’est une femme de ménage qui vient balayer rapidement alors que ce n’est pas son rôle. Il y a des problèmes de personnels me dit-on. Les conditions matérielles sont effectivement assez limites.

On se lance donc dans le cours à 9h07 avec une élève absente et un autre qui demande à suivre le cours en candidat libre [pas de souci !]. On a poussé les tables formé un cercle pour pouvoir se parler sans protection des bureaux ou des ordinateurs. A égalité de chaise.

Je me présente rapidement – mon âge, mes enfants, mon engagement dans l’éducation populaire en France et ailleurs, dans l’associatif et ailleurs. Puis l’ambition de ce cours : repérer, nommer et analyser ce qui se noue et ce qui se joue autour de la justice sociale et des inégalités environnementales. C’est le contenu même du cours à aborder avec une certaine humilité alors qu’on est dans un champ de recherche en construction. J’ai cité pour exemple le tweet de Pierre Charbonnier sur l’usage des mots environnement, Terre, climat ou planète. Même le champ lexical est peu stabilisé.

L’ambition de ce cours n’est pas uniquement de proposer des apprentissages à des étudiant-es en voie de professionnalisation (comment agir, avec quelle stratégie) mais aussi aux personnes (ce qu’elles sentent, ce qu’elles vivent…) et aux citoyen-nes (avec leurs visions du bien commun et leurs lieux d’engagement). J’évoque le principe de ce blog sans le détailler mais en posant la possibilité qu’ils puissent y contribuer. Cela suppose de varier les modalités pédagogiques, d’aller chercher les controverses plutôt que d’asséner des vérités, d’oser jouer dans les formes, de prendre le risque de notes de lectures subjectives…

Cela nous a amené à un tour de parole où j’ai pu demander à chacun-e son nom&prénom, un signe particulier qui me permet de les distinguer, la question du cours qui peut les gratter et où elles/ils ont fait leur lieu de stage. Lors de ce tour de parole, j’ai découvert que 10 des 17 étudiant-es avaient vécu une année de césure ce qui est proportionnellement très important [et accessoirement, cela a été mon cas en 1998-1999]. J’ai pu entendre l’attrait de plusieurs pour les questions de biodiversité et l’éco-anxiété très répandue. En enseignant, on ne remplit pas à des vases vides. « Quel que soit son âge, l’esprit n’est jamais vierge, table rase ou cire sans empreinte » écrivait Bachelard. Comment modifier la connaissance existante, les formes bancales, comment enrichir ce que l’on sait déjà si on ne se connaît pas ?

La moue d’une étudiante me serait restée incomprise quand j’évoquais les valeurs du service public alors qu’en ayant entraperçu les problèmes qu’elle a rencontré dans son stage au Ministère de la transition écologique, je pouvais comprendre sa réticence. Je pouvais entendre les questions : Faut-il réinventer des modes de vie plus limités et plus communautaires pour faire face à l’individualisme ? Faut-il se protéger et aller travailler sur une île pour fuir la violence de la misère et des destructions et être heureux ? comment parler de la justice sociale à des parents sensibles à l’environnement mais pas à la justice ? Ou à des personnes vivant de l’agriculture – donc proches de la nature – mais sans se préoccuper des conséquences de leur consommation ? Inévitablement, je pense à Annie Ernaux mais je ne leur en parle pas faute de temps.

Je propose deux principes relationnels, habitude prise à AequitaZ, celle de viser des formes d’égalité dans les prises de parole et de se rendre attentifs ensemble aux inégalités et aux rapports sociaux dans notre groupe. En nommant l’absence de personnes issues de l’immigration coloniale et en nommant la possibilité du validisme. En expliquant que la régulation ne se fait pas à partir de ma position d’autorité mais de ces principes à amender, à corriger ou à supprimer. Nous abordons alors la question des notations puis nous accordons une pause.

Dans la deuxième partie du cours, j’ai pu aborder trop rapidement toutefois quelques contenus :

  • quelques définitions possibles pour la justice sociale, les inégalités environnementales et les inégalités écologiques [post à venir]
  • les inégalités d’émissions de CO2 en fonction des déciles de population
  • quelques apports fondamentaux sur le lien entre capitalisme et inégalités environnementales. [post à venir]

J’ai malheureusement laissé de côté la partie concernant le lien entre progrès technique et crise climatique [post à venir] à cause de ma mauvaise gestion du temps.

Le cours s’est alors terminé sur quelques feed-back positifs et une alerte sur la différence entre mon emploi du temps et celui distribué aux étudiant-es. Une question administrative de plus à gérer.


OpenEdition vous propose de citer ce billet de la manière suivante :
Emmanuel Bodinier (9 novembre 2022). Cours du 7 novembre 2022. Justice des mondes vivants. Consulté le 6 novembre 2024 à l’adresse https://doi.org/10.58079/vp0c


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