Le syllabus du cours

Comment écrire un syllabus ? Première étape, rédiger une note qui présente le cours et son évaluation… Quand on ne l’a jamais fait, on se renseigne, on trouve quelques ressources ça et là mais les exemples concrets sont peu accessibles. Après avoir rédigé une première version, le responsable administratif du Master m’a envoyé une trame qui ne correspondait pas et dans laquelle je me suis pliée. Je me suis dit que j’aborderai par exemple les responsabilités de l’enseignant et des étudiant-es à l’oral lors du premier cours.

Sur le principe du cours, j’ai utilisé la forme imposée – 6 fois 3 heures – pour construire le fond. Je cherche à donner aux étudiant-es une vision d’ensemble de l’articulation entre les inégalités environnementales et la justice sociale. Comment les nommer ? J’avais par exemple intitulé un cours « Ecoféminisme » avant de le renommer « Patriarcat, care et écoféminisme » puis « Comment le genre structure-t-il ces inégalités ? ». Passer de la réponse à la question.

Aurait-il fallu construire le cours autrement ? par les différents savoirs (comment la science économique perçoit injustice et inégalités ; la littérature ; la philosophie…) ou en fonction de la philosophie de la justice (distributive, reconnaissance, éthique environnementale…) ? Mon absence d’ancrage dans une discipline universitaire ne m’aide pas. J’ai donc opté pour une approche thématique en espérant qu’elle ne soit pas trop redondante. J’aurai également pu prendre un angle et l’épuiser : me « limiter » à la question climatique ou explorer un terrain comme Grenoble. Ce sera peut être pour une autre année.

Dans l’organisation du cours, j’ai découpé les trois heures en un débat-controverse animé par les étudiant-es, un apport de ma part puis une heure avec des processus qui fasse le lien entre le cours et leur vie à l’extérieure de l’enceinte universitaire, leur stage ou leur vie politique. J’ai dans mes bagages pas mal d’outils d’éducation populaire. J’essayerai de raconter ces tentatives, leurs apports et leurs limites.

J’ai beaucoup réfléchi à la manière d’évaluer. Le responsable du Master m’a indiqué qu’il fallait au moins deux notes mais je ne voulais pas forcément reproduire le fonctionnement exposé-débat qui est un classique à l’IEP. Donc j’ai tenté une autre version avec deux notes : l’une portant sur la participation à la présentation d’une controverse en petits groupes. Il ne s’agit pas forcément d’un exposé. Je laisse la forme libre. L’autre note pourra être écrite ou audiovisuelle et porter sur un livre, une idée ou une personne. Il s’agit de trouver un équilibre entre subjectivité et rigueur. Les injustices touchent émotionnellement et j’aimerai donner une place à cette dimension. En imaginant la grille d’évaluation avec les étudiant-es lors du premier cours.

Après coup , j’ai réalisé avoir rédigé les méthodes d’évaluation et la définition des objectifs de manière indépendante l’un de l’autre. De manière très scolaire, parce qu’il fallait remplir les cases. Par chance, cela coïncide un peu. Mais je ne trouve pas très heureuse les formulations trouvées.

Les indications bibliographiques ne m’ont pas complètement satisfaites non plus. J’ai tenté de viser une parité entre femmes (10) et hommes (12) sans y arriver complètement. Surtout, je me souvenais des listes de livres données par chaque enseignant-e en début d’année et dont on picorait seulement un ou deux ouvrages. Comment choisir ? J’ai hésité en lisant cet été Un don de Toni Morrisson mais commencer par un ouvrage littéraire m’a fait hésiter. Certainement que je leur en parlerai mais je n’ai pas osé fonder mon cours sur cette figure distante des savoirs académiques. Il n’y a plus qu’à se lancer.

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